Dimanche 10 janvier 1999     NOUADHIBOU

Après une nuit au chaud et une bonne douche, c'est reparti pour les formalités. D'abord la Gendarmerie pour valider la déclaration des devises. Puis l'assurance pour le fourgon rose et enfin la Police pour le tampons sur le passeport. Toutes ces administrations se trouvent bien sûr aux 4 coins de la ville et le tout prend un temps fou. Au fur et à mesure, on retrouve la plupart des membres du convoi. A 14 heures 30, tout est terminé. Il ne nous reste plus qu'à aller à la gare et négocier le tarif pour mettre les voitures sur le train en direction de CHOUM, plus à l'Est. Un train part chaque jour à 15 heures, les réservations sont prises pour le lendemain. Un bon repas s'impose maintenant. Puis comme la plage n'est pas loin, on s'entasse tous les 8 dans la petite Renault 4L de Fabrice. On a beau emprunter plein de pistes, s'enliser, pousser la voiture, pas moyen de trouver la plage ! A la place, on tombe sur le squelette d'un chameau. Marc en récupère le crâne. Faute de pouvoir se divertir dans l'eau, on s'éclate bien. Le soir, des Marseillais nous offrent le pastis avant de retourner manger le couscous dans le même petit resto que la veille.

Lundi 11 janvier 1999     NOUADHIBOU

Durant 6 heures, on attend dans l'espoir d'embarquer comme prévu dans le plus long train du monde mais le plus lent aussi. On tue le temps en visitant le cimetière de bateaux. Ceux-ci sont échoués près des côtes et continuent de rouiller. Puis l'on apprend que le train ne partira pas aujourd'hui. Pas d'explication, c'est comme ça, c'est l'Afrique. Au marché, achat de viande de chameau et barbecue près de la mer. Nous formons un groupe sympa avec Marc, Fabrice, Alex, Suzanne, Laurent, et Eve.

Mardi 12 janvier 1999     NOUADHIBOU - CHOUM   (11 heures)

Cette fois, c'est bon pour le train. On amarre les 4 véhicules, les gamins nous suivent sans cesse en réclamant des "cadeaux". A partir de 16 heures, des wagons sont retirés et attelés au notre dans un grand vacarme. Les chocs nous secouent, on est trimbalés d'un point à un autre sans arrêt. On finit par stopper près d'une sorte d'usine, loin de NOUADHIBOU. A 21 heures, nous sommes toujours enfermés dans les voitures, sans pouvoir bouger. Seul un petit passage de chaque côté permet de passer d'un véhicule à l'autre. On passe le temps à boire un café, tous entassés dans la voiture de Alex et Suzanne. Un ouvrier de l'usine nous annonce finalement que le départ n'aura lieu que demain à 15 heures. On commence à être découragés et pas question de bouger. Nous sommes loin de tout, les voitures sont attachées par de gros câbles et l'idée de devoir passer toute la nuit dans ces conditions d'attente, dans l'inconfort et sur ce petit wagon sans rien autour nous parait bien longue d'avance. D'un coup, un grand choc renverse tout dans la voiture, puis un autre, moins violent. Ça avance, recule, mais sans trop bouger. Finalement, à 23 heures, tous les wagons sont attelés, le notre est en tête, c'est le départ, on n'y croit pas ! Les secousses sont très fortes, le vent souffle et le sable s'infiltre partout. Il est dangereux de sortir à l'extérieur, mieux vaut s'agripper fermement aux voitures pour ne pas tomber. Nous passons la nuit dans le Toyota de Alex et Suzanne, au-dessus de leur couchette, sur une planche en bois. Pas moyen de dormir tant nous sommes ballottés par les violentes secousses.

Mercredi 13 janvier 1999     CHOUM - ATAR   (11 heures - 480 kms)

Nous nous réveillons couverts de poussière. A 10 heures, arrivée à CHOUM. Quelques maisons en terre surgissent dans le désert. La locomotive nous largue sans prévenir. Nous regardons étonnés le train continuer sans nous. En regardant autour de nous, nous nous apercevons que nous somme loin du quai de la gare. Et quelle surprise de constater que CHOUM n'est qu'un village au milieu de nulle part, composé de petites maisons de terre. Un type nous dit que la locomotive qui devait nous amener à quai est en panne ! Alors, pour obtenir de l'aide, il faut payer. "Pas de sous, pas de voitures". Pas question de céder et de dépenser un Ouguiya de plus. Nous nous mettons en devoir de pousser le wagon. Pas moyen de le faire bouger. Les gens restent assis, ils nous observent et rigolent de nous voir nous obstiner. Heureusement, Fabrice est un génie. Il trouve le moyen de débloquer les freins du train. En poussant tous les 8, on arrive sans mal à mettre le wagon à quai, sous le regard ébahi des ouvriers qui rigolent déjà moins. Il reste encore à libérer les voitures des gros câbles qui les retiennent. Les employés de la gare sont censés faire ce travail, inclus dans le prix que nous avons payé au départ. Mais ils nous regardent toujours, assis. En s'apercevant que nous sommes sur le point de réussir à détacher la première voiture, ils se lèvent. Il faut alors les surveiller pour les empêcher de bloquer la sortie des véhicules. Pendent ce temps, des gamins demandent encore des cadeaux. Nous sommes trop énervés pour donner quoi que ce soit ! Avant de poursuivre, nous devons traverser le village pour nous signaler au poste de Police. Pas de route, il faut suivre la piste.

Enfin, nous quittons ce coin paumé qui nous a bien déçus. Direction ATAR., nous voici libre, dans cette immense étendue désertique qui nous détend. On commence à se sentir bien. Mais régulièrement, la petite voiture de Laurent et Ève, pas du tout préparée à un tel périple tombe en panne. On n'arrête pas de pousser, désensabler, pousser encore... Nous passons la nuit tranquilles, près d'un groupe de rochers.

Jeudi 14 janvier 1999     Route vers ATAR

Ça repart, on est tous fatigués. Les nuits sont froides et on a du mal à dormir. La piste est parfois faite de cailloux et par moments, de sable. On s'enlise et on pousse... Lors d'un enlisement aux alentours d'un petit village, les gens nous déçoivent une fois de plus. Ils ne nous apportent aucune aide, nous gênent, demandent de l'argent et nous jettent des pierres lorsque nous repartons. On franchit deux cols. Les grosses pierres noires étalées sur le sol donnent un aspect lunaire au paysage. C'est beau. Les villages sont de plus en plus nombreux. Des tas de gamins courent vers les voitures. Puis on arrive à ATAR. Seule la rue principale est goudronnée, enfin presque ! On se prend rapidement un hôtel mais la douche tant attendue sera pour plus tard car aujourd'hui c'est la fête : nous ne devons pas manquer l'arrivée de l'étape Tichit - Atar du rallye "Paris - Dakar". Toute l'équipe a établi sa base sur le tarmac de l'aéroport. On y accède sans problème, c'est l'occasion de rencontrer concurrents et organisateurs. On découvre une ambiance sympa et agréable. Le soir, nous assistons à l'interview de Hubert Auriol, puis Gérard Holtz présente en direct le résumé de l'étape. Les moyens mis en place sont impressionnants. Après une excellente soirée, nous regagnons notre petite hutte appelée "choum" qui nous abrite pour la nuit.

Vendredi 15 janvier 1999     ATAR - CHINGUETTI   (4 heures)

Nous retrouvons une dernière fois Marc, Ève, Laurent et Fabrice (Suzanne et Alexandre sont partis hier pour NOUAKCHOTT). Les voitures ont besoin d'une remise en condition, donc nos quatre compagnons doivent rester quelques jours ici. Nous nous mettons alors à la recherche d'un taxi brousse à destination de CHINGUETTI. Celui-ci part uniquement lorsqu'il est plein. A 16 heures, nous prenons la piste, salués une dernière fois par Marc. Nous sommes assez mal installés dans un vieux pick-up chargé de sacs, valises, bidons, passagers. Une montagne se dresse devant. Pour alléger la voiture, marche forcée d'environ 3 kilomètres. Plus loin, un passager et tous ses sacs descendent, en plein désert, comme ça, rien à l'horizon ! A 20 heures, le taxi nous dépose devant l'Auberge des Caravanes. Pour le repas, on doit se contenter de petits biscuits secs, avec un trou au milieu. A 22 heures, extinctions des feux, l'électricité est coupée.

Samedi 16 janvier 1999     CHINGUETTI

Le lendemain, lavage puis balade dans les dunes de sable qui entourent la petite ville composée de maisons de terre. Ici, pas de rues, le sable est partout. Il est agréable de prendre son temps et ne rien faire. A midi, on mange du pain sur une dune... L'électricité fonctionne de 20 heures à 21 heures 45, grâce à un groupe électrogène. Le soir, les élections mettent un peu d'animation en imposant une musique horrible (ding ding ding ding diiiiiiing...) !

Dimanche 17 janvier 1999     CHINGUETTI - ATAR   (2 heures - 80 kms)

Il nous faut patiemment attendre qu'une voiture parte pour ATAR. On reste donc à l'hôtel, en guettant chaque bruit de moteur. A 15 heures 40, un 4X4 arrive et dépose un groupe de touristes tout droit débarqués de France. Le chauffeur repart aussitôt et accepte de nous conduire. On fonce sur les pistes. A deux reprises, Betty se cogne la tête au plafond, accrochons nous ! Crevaison à quelques kilomètres de l'arrivée. A 17 heures 20 nous sommes de nouveau à ATAR. Nous retrouvons l'Auberge "Dar Salam", comme la dernière fois, bien que la douche soit glacée.

Lundi 18 janvier 1999     ATAR

Le ramadan est terminé. Enfin ! La journée est fériée, pas de transports. Dans la rue, les gamins nous agacent : "donne-moi cadeau, donne-moi Bic, donne-moi argent, donne-ci, donne ça..." Toujours donner  ! Le soir, 3 voitures de Français arrivent à l'hôtel. Jean Pierre, seul dans son 4X4 accepte pour nous emmener à NOUAKCHOTT le lendemain. Nous passons un bon moment à discuter avec Koulibaly, le gérant de l'hôtel, qui nous apprend beaucoup sur la religion qu'il connaît particulièrement bien.

Mardi 19 janvier 1999     ATAR - NOUAKCHOTT   (9 heures 30 - 500 kms)

A 6 heures, réveil difficile. A 7 heures 30, on grimpe dans le 4X4 de Jean Pierre. Au début, c'est la piste, plus ou moins bonne. Puis on atterrit sur une route goudronnée toute neuve. La première depuis la frontière. Autour de nous, l'éternelle terre aride et désertique, les dunes. On rencontre de grands troupeaux de chameaux. Il fait chaud. A l'approche de la Capitale, les contrôles de Police et Gendarmerie se succèdent. Comme les enfants, les policiers réclament des cadeaux. Au dernier poste de Police, c'est le dortoir. Hormis celui qui relève les identités, les gendarmes sont tous couchés, envahis par les mouches ! Nous arrivons à NOUAKCHOTT à 17 heures et nous installons dans une petite auberge, à l'écart du centre ville.

Mercredi 20 janvier 1999     NOUAKCHOTT

Nous prenons tout notre temps. La nuit a été agréable. Il est difficile d'envoyer un colis en France, alors on va se contenter de courrier. Il est impossible de téléphoner à l'étranger dans de bonnes conditions. Le change de devise se fait dans un hall d'immeuble. Pour le dîner, nous nous offrons un couscous au restaurant. Internet ne fonctionne pas alors on va prendre un thé dans la chambre.

Jeudi 21 janvier 1999     NOUAKCHOTT - ROSSO   (14 heures)

Dès 5 heures 45, nous nous dirigeons, sacs au dos, vers le centre ville. Et un taxi nous dépose à la gare routière. A 7 heures 30, entassés dans une 504, nous prenons la route. De chaque côté, les dunes de sable. A 11 heures 30, arrivée à BOGHE, poste frontière avec le SENEGAL. Le village est coloré, animé. Nous retrouvons aussi la verdure et le fleuve. La douane franchie, nous devons prendre une pirogue afin de traverser le fleuve, puis prendre une charrette sur une vingtaine de kilomètres dans la brousse, et enfin marcher jusqu'à la route goudronnée. Là, nous grimpons dans un minibus collectif qui nous dépose 3 heures plus tard à un croisement. C'est compliqué, il faut prendre un autre bus pour ROSSO, autre ville frontière. A 20 heures 30, nous arrivons quelque part. Un bac permet de joindre ROSSO, sur l'autre rive, mais il est trop tard, nous devons attendre le lendemain. Nous devons paraître un peu paumés alors une Sénégalaise nous invite chez elle. Un Couscous nous attend, on mange avec les mains, par terre, assis tous en rond. Pour la nuit, elle nous conduit dans un petit hôtel vraiment pas cher.

Vendredi 22 janvier 1999     ROSSO - MAURITANIE

Le matin, nous récupérons les passeports à la Police et prenons le bac. Nous voici une nouvelle fois en MAURITANIE, tout ça pour rendre visite à nos militaires Français rencontrés à l'arrivée du PARIS-DAKAR, à ATAR. Ils sont en coopération, bien installés dans une petite caserne qu'ils ont aménagée. Nous sommes accueillis confortablement. En 4X4, ils nous font découvrir les environs, notamment les quartiers pauvres et reculés de ROSSO. L'après-midi, nous allons retrouver un Français qui a réussi à faire d'une terre si sèche, un beau champ vert, destiné à l'alimentation des vaches. Le travail qu'il a effectué tout seul et ses projets grandissants nous impressionnent. Le soir, retour à la base, le 4X4 fonce sur les pistes. Délicieux repas et spectacle de danses Africaines au village, sous un chapiteau.

Samedi 23 janvier 1999     ROSSO - SAINT LOUIS

Vers 10 heures 30, nous quittons nos militaires préférés. Michel nous conduit rapidement à la douane et nous permet de passer rapidement la frontière. Il nous présente également un couple de Français venus en voiture. On grimpe donc dans la Mercedes de Farah et Yahya Nekli. Farah, très bavarde et rieuse et d'un dynamisme incroyable nous raconte pleins de chose, leur vie... Yahya est un ancien diplomate et souhaite être consultant pour la construction d'un nouvel aéroport à DAKAR.