Mercredi 2 juin 1999     KANO - ZINDER NIGER   (7 heures - 240 kms)

Tout le long, des chameaux, des ânes, de grands troupeaux, des petits villages de cases. Les contrôles de police suivants sont rapides. A 17 heures 30, le chauffeur nous dépose presque devant l'hôtel central de ZINDER. On a une grande chambre avec climatisation et une vraie douche. Après un bon décrassage, rapide balade dans les environs, on se sent tout de suite bien, loin des grandes villes moches, stressantes et polluées du NIGERIA. On retrouve l'ambiance chaude et le calme d'une petite ville, le plaisir de prendre un thé dans la rue et un bon repas de spaghettis.

Jeudi 3 juin 1999     ZINDER

Avec la climatisation, la nuit a été excellente. La découverte de ZINDER commence par une balade au marché, puis dans les ruelles étroites de la vieille ville. Au loin, le désert s'étend. Le soir, on déguste un bon couscous. Il y avait longtemps que nous n'avions pas eu l'occasion d'apprécier un si bon repas.

Vendredi 4 juin 1999     ZINDER

Le lendemain, nous marchons encore dans les ruelles sablonneuses, bordées par les maisons de terre. La vie s'y écoule tranquillement, les gens nous saluent en souriant et les gamins se laissent photographier. Durant la journée, la ville semble morte, puis à 16 heures, l'animation reprend. Nous faisons un tour au Centre Culturel Français et discutons un moment avec le Directeur. Puis nous réservons nos billets de bus pour NIAMEY. Le ciel est gris, comme s'il allait neiger, mais aucun risque ! Avant un autre couscous, nous prenons une bière en compagnie d'un militaire et un pompier.

Samedi 5 juin 1999     ZINDER - NIAMEY   (16 heures)

A 6 heures 15, nous quittons notre confortable hôtel central. A 7 heures 15, départ du bus. Toute la journée, nous longeons la frontière du NIGERIA. Autour de nous, cette immense étendue désertique entrecoupée de villages. On fait quelques haltes dans certaines petites villes. A DOSSO, fouille de certains bagages. Il fait nuit, les policiers montent sur le toit du bus, descendent des valises et des sacs au hasard et en explorent le contenu. Ouf, nos sacs sont épargnés mais on perd beaucoup de temps. A 23 heures 15, arrivée à NIAMEY. On est fatigués, il fait chaud. On négocie un taxi qui nous dépose devant l'hôtel "le Dé". Manque de chance, il est fermé. Nous partons donc à pied, à la recherche d'un autre endroit pas cher.  "Le Rivoli" est également fermé. Il est plus de minuit et nous ne savons plus vers où nous diriger. Les autres hôtels sont beaucoup trop chers. Heureusement, un gars du coin nous indique l'hôtel Moustache, on reprend un taxi. L'hébergement nous convient, il y a également un bar et l'ambiance est très locale. Une bière nous rafraîchit.

Du dimanche 6 juin 1999 au jeudi 10 juin 1999     NIAMEY

Nous passons les 5 prochaines journées à NIAMEY. On y est bien. Ici aussi, il faut se signaler à la Police (la DST) pour être en règle. Nous devons également nous occuper des visas pour le TCHAD. On les récupère le jour même mais le budget en prend un coup : 30000 CFA soient 300 Francs Français par personne ! Au Centre Culturel Français, nous pouvons consulter et envoyer nos messages par internet.

Les journées sont chaudes, très très chaudes. La chaleur est vraiment étouffante. Le matin, nous aimons prendre un peu d'air climatisé dans un supermarché. A la "poste restante", la famille nous a également envoyé un peu de fraîcheur. Au retour de la gare routière où nous venons de réserver nos prochains billets de bus, il fait si chaud que nous nous dirigeons péniblement vers le luxueux "Sofitel".

Les chaussures de Thierry se défont sans cesse, toutes seules. C'est énervant, il faut s'arrêter tous les deux ou trois pas sous ce pesant soleil. Enfin, les grands fauteuils confortables de l'hôtel Sofitel nous permettent de nous reposer. Affalés, on observe les allées et venues des clients fortunés. On ressort après 15 heures, l'air est toujours brûlant. A l'hôtel Moustache, alors que nous nous détendons en buvant une boisson fraîche, un employé du bar vient nous parler pendant un long moment, sans s'arrêter. Dix ans plus tôt, il a rencontré René, un Français qui lui a promis de lui envoyer un billet d'avion pour Paris. Depuis, il attend, sans perdre espoir... Une autre fois, un client vient s'asseoir près de nous, il est soi-disant policier et affirme qu'il n'a pas été payé depuis 3 mois. Il nous demande alors de bien vouloir l'indemniser. Qui ne tente rien n'a rien ! Le dernier jour, nous profitons de la piscine de l'hôtel Terminus, gratuite à condition de prendre une consommation. Dans le quartier de l'hôtel, il est difficile de trouver une bouteille d'eau. Finalement, on doit acheter des sachets d'eau. C'est beaucoup moins cher et pas si mal.

Vendredi 11 juin 1999     NIAMEY - TAHOUA   (9 heures)

A 7 heures 15, le taxi nous dépose à la station de bus SNTN. A 9 heures, départ. Nous empruntons la même route que pour venir à NIAMEY, avec des haltes aux mêmes endroits. Puis nous bifurquons. Les paysages sont toujours désertiques, avec par endroits des villages isolés. A 18 heures, nous sommes à TAHOUA. C'est là que nous passerons la nuit, avant de poursuivre demain matin vers AGADEZ. Tous les passagers s'éparpillent. Certains se dirigent vers le seul hôtel, et d'autres vont s'installer dans un grand dortoir, qui se trouve à la gare routière. L'hôtel est cher et de toute façon, il est complet. On se contentera sans doute du dortoir nous aussi. Dans un resto, on commande un plat de frites. Tout en mangeant, on discute avec un Italien et une Belge, volontaires pour une O.N.G. Ils nous proposent une virée dans un autre endroit pour prendre un verre. Nous grimpons dans leur 4X4. Puis on rencontre Céline, une Française qui travaille pour Pharmaciens sans Frontières, en tant que bénévole, ainsi que d'autres personnes, de plusieurs nationalités. Tous font partie d'organismes humanitaires. On discute longuement de l'Afrique, de ses problèmes, des difficultés pour les O.N.G. de convaincre les habitants de participer sérieusement aux formations et les responsabiliser afin qu'ils puissent améliorer leurs conditions de vie. Puis Céline nous invite à passer la nuit chez elle. Elle loge dans une grande maison (avec 12 chambres !). Mais avant de nous coucher, elle offre à tout le monde un dernier verre. Nous étions loin de penser passer une si bonne soirée dans cette petite ville, loin de tout et si calme.

Samedi 12 juin 1999     TAHOUA - AGADEZ   (5 heures - 403 kms)

La nuit a été courte mais bonne. Le cuisinier a déjà préparé le petit déjeuner. Peu après 7 heures 30, le chauffeur de Céline nous reconduit en 4X4 à la gare routière. Bon, on y va ? Certains passagers se demandaient où nous avions bien pu passer. L'un d'eux voulait même nous laisser sa chambre à l'hôtel. A 9 heures, départ. Du plat et du désert à perte de vue. Peu de villages. A 14 heures, nous arrivons à AGADEZ. Qu'il fait chaud ! L'hôtel Agreboun est fermé, alors on s'installe au "Sahara". A l'ombre, alors que nous prenons une boisson, nous nous renseignons sur les possibilités de nous rendre à BILMA, une petite ville dans le désert. Apparemment, il est possible d'embarquer avec le prochain convoi, sur un camion. Pour cela, nous devons nous inscrire sur des listes. Plus tard, le chef d'escorte militaire nous indique que le prochain départ est pour mardi prochain. Ça fait un peu juste car nous comptons passer d'abord à ARLIT, plus au Nord. Puis nous rencontrons un Touareg qui nous conduit chez lui en 4X4. Ensemble, nous prenons le thé mais la conversation est limitée car il parle principalement arabe. Il nous raccompagne ensuite à l'hôtel où nous nous régalons avec des frites et des brochettes. Le soir, les gens dansent (mollement), sur une musique monotone jouée par un orchestre.

Dimanche 13 juin 1999     TAHOUA - AGADEZ   (5 heures - 403 kms)

Le lendemain, nous devons nous signaler à la police. Comme le chef n'est pas là, il faudra revenir. Puis nous nous baladons dans les ruelles de la vieille ville et près de la jolie mosquée. Dans un bar, nous rencontrons des Américains tout juste arrivés de Boston. Ils nous offrent un boisson et ensemble, nous allons voir le palais du Sultan. De temps en temps, des gamins et des adultes nous demandent des "cadeaux". On ne répond même plus tant c'est agaçant. Mais ils sont tout de même moins pénibles qu'au MALI. Le soir, nous ressortons pour aller à la gare routière nous renseigner sur le prochain départ pour ARLIT. Nous discutons un moment avec des dealers et magouilleurs qui connaissent des filières et combines pour entrer clandestinement en France, se procurer des faux papiers... L'un d'eux connaît également les prisons Françaises. Mais plutôt que de rester ici où rien n'est possible, où la vie est si différente et sans évolution, il est déterminé à retourner à la vie civilisée. A 19 heures, nous retrouvons les Américains pour un bon repas suivi d'une bière. Ils ont du mal à s'adapter à la chaleur et s'étonnent de l‘éprouvante condition de vie que doivent affronter les gens dans le désert. Ah qu'on est loin des structures modernes et organisées de l'Amérique !

Lundi 14 juin 1999     AGADEZ - ARLIT   (7 heures 30 - 240 kms)

A 8 heures nous arrivons à la gare routière et prenons nos billets pour ARLIT. Un grand bus nous attend mais il faut attendre qu'il soit plein. Nous retrouvons notre nouvel ami dealer qui doit partir demain pour la France, par la route. Il compte mettre une dizaine de jours. Sur place, il se fera faire de faux papiers mais nous assure qu'il est maintenant résolu à trouver un travail honnête. Le temps passe, il fait chaud et le départ ne s'envisage toujours pas. Enfin à 11 heures 30, on grimpe dans le bus. On est serrés à 3 par banquette et de nombreux passagers sont debout. Nous devons encore patienter et transpirer jusqu'à midi avant de commencer à rouler. A peine sortis de la ville, premier contrôle de police. Il y a beaucoup de gens du NIGERIA et les formalités sont très longues. Bon, on finit par repartir. Quelques centaines de mètres plus loin, re-contrôle. Et c'est reparti pour une longue attente. Ainsi, on perd 1 heures 30. Oh, un flic donne une grande gifle à un type assis près de nous ! Avant de reprendre la route, un militaire monte dans le bus pour nous protéger d'éventuels bandits. Nous roulons lentement, très lentement même. On ne traverse aucun village, seul le désert nous entoure.

On a soif en permanence, désagréable sensation. Nous n'avons pas d'eau minérale, alors on boit à l'aide de la paille filtrante une eau chaude. On ferme les yeux en essayant de s'assoupir pour oublier la chaleur... Juste avant ARLIT, dernier contrôle de police. Il est 19 heures, la nuit tombe, la chaleur aussi. On se sent mieux. A 19 heures 30, arrivée à ARLIT. Bagages récupérés, on négocie un taxi pour l'Auberge des Caravanes. La chambre n'est pas géniale, une forte odeur de Cafard s'en dégage. D'ailleurs, il y en a qui gambadent un peu partout ! Il y a aussi de la poussière partout, c'est étouffant et le comble est qu'il n'y a pas d'eau. Du coup, on décide de partir. Il est 23 heures et nous voilà partis pour l'hôtel Tamesna qui est moins cher et semble bien plus propre. A peine arrivés, une coupure d'électricité plonge la ville dans le noir. Au lieu de prendre une lampe et nous montrer la chambre, le gérant nous fait attendre, sacs sur le dos, devant la porte, que la lumière revienne. Heureusement que nous insistons pour pouvoir nous installer car la coupure dure presque toute la nuit ! L'eau ne fonctionne pas ici non plus mais au moins la chambre est propre et plus aérée. On se couche sans s'être lavés et avoir mangé de toute la journée.

Mardi 15 juin 1999     ARLIT

Le lendemain, toujours pas d'eau. On négocie donc le prix de la chambre à 4000 au lieu de 5000 CFA, soient 50 Francs Français. Après avoir dégusté des biscuits et un yaourt, nous repérons des douches à la gare routière. Vite, à nos serviettes ! Propres, nous allons nous signaler à la police. Au NIGER, ARLIT est comparée à un "petit PARIS". Nous nous attendions donc à une ville plus moderne, mais les ruelles de sables et les maisons de terre sont loin de nous rappeler la capitale Française !

A l'hôtel, l'eau coule de nouveau. On ne peut résister au plaisir d'une autre douche. Il fait si chaud qu'il vaut mieux ne pas s'aventurer dehors. D'ailleurs tout est mort. Mais on a SOIF, TRES SOIF ! alors nous sortons quand même acheter des sachets d'eau. Puis repos sous le ventilateur jusqu'à 19 heures 30. Nous prenons un bon repas dans un petit resto climatisé. A 20 heures 30, l'eau est de nouveau coupée.

Mercredi 16 juin 1999     ARLIT - AGADEZ   (4 heures 10 - 240 kms)

Avant 8 heures nous arrivons à la gare routière, il fait déjà bien chaud. Déjà nous avons soif et prenons un petit stock de sachets d'eau. En attendant que la voiture soit pleine, nous discutons avec un réfugié Zaïrois qui vient de se faire refouler à la frontière Algérienne. Il tentait de se rendre en France illégalement et le voilà coincé là, à ARLIT, sans le moindre CFA ! Et ici, les boulots ne courent pas les rues. A 9 heures départ. Ça roule mieux qu'en bus mais encore lentement. A 70 km/h sur cette longue route droite, l'air est brûlant. En revanche, les contrôles de police sont rapides. A 13 heures 10, nous sommes à AGADEZ et nous allons directement à l'hôtel Agreboun. La douche coule à merveille mais que l'eau est chaude ! Jusqu'à 17 heures, repos sous le ventilateur. Puis balade en ville. Un militaire rencontré 3 jours plus tôt nous invite à prendre le thé avec ses amis. On discute, c'est très sympa. Plus tard, repas dans un bon resto de frites et sel, avant de retourner voir nos nouveaux amis pour regarder les images sans intérêt que diffuse un vieux téléviseur noir et blanc. Et jusqu'à 2 heures du matin, nous discutons dans le noir en buvant du thé sous les étoiles.

Du jeudi 17 juin 1999 au lundi 21 juin 1999     AGADEZ

Nous devons passer 6 jours supplémentaires à AGADEZ, en attendant le prochain convoi pour BILMA. Nous avons ainsi tout le temps de préparer l'expédition : achat de grands foulards "touaregs", essentiels pour se protéger au maximum du soleil et de bidons d'eau pour être autonomes pour environ 3 jours (un de 40 litres et un plus petit de 5 litres). Nous devons également retourner à la police pour nous faire enregistrer. Ils veulent nous faire payer une taxe d'enregistrement mais après discutions, nous réussissons à nous en faire exempter. Nous repartons donc avec un autre tampon "vu au passage". Nous passons le plus claire du temps en compagnie de nos amis en partageant les repas de midi et les soirées. Ils sont instruits et font des études, ce qui est chose rare. Les échanges sont très profiteurs pour chacun de nous. On apprend beaucoup. Ils aimeraient voyager, créer une entreprise et profiter mais la mentalité du pays ne leur permet pas de réaliser leurs projets. Tous les jours, nous les encourageons à persévérer en leur racontant nos expériences en France ou à l'étranger.

Au NIGER, la vie est réglée sur la religion. Le plaisir est interdit car se faire plaisir c'est se montrer égoïste envers les autres. Il faut partager la moindre richesse avec les personnes qui n'en ont pas. La plupart des enfants ne vont pas à l'école et sont plus encouragés par les parents à mendier plutôt que d'aller étudier. Tout le monde se dit très pauvre mais ne semble pas faire trop d'effort pour changer la situation. Dans ce contexte, il est donc difficile d'évoluer. Enfin, la déprime est loin de gagner la joyeuse bande et on apprécie de plaisanter avec eux, sous les étoiles. Leur manière de réfléchir nous impressionne car on a rencontré en Afrique peu de gens capables de penser comme eux, être si ouverts et déterminés à réussir. L'un d'eux veut même devenir Président de la République, qui sait !

Mardi 22 juin 1999     AGADEZ

Le mardi 22 juin, derniers préparatifs. Un employé à la gare routière vient nous chercher, il faut remplir le gros bidon de 40 litres. Nous prenons un dernier repas avec nos amis. Puis vers 16 heures, ils nous accompagnent à la gare routière. Nous sommes prêts à affronter le vrai désert. Ali et Bokassa nous tiennent compagnie jusqu'à 19 heures. Les passagers s'entassent à l'arrière du camion et nous grimpons dans la cabine. Le départ se précise, on commence à rouler lentement. Et soudain, le chauffeur gare le camion. "Bonne nuit nous dit-il" !!!!! Finalement, on ne part pas ce soir. Et hop, on reprend nos sacs. Aucune heure n'est fixée pour demain. Peut-être le matin, peut-être le soir. Nous rentrons à l'hôtel Agreboun et retournons voir nos copains. Ils rigolent, "c'est l'Afrique !"

Mercredi 23 juin 1999     AGADEZ - DIRKOU   (3 JOURS - 650 kms)

Lever à 6 heures. Une heure plus tard, nous nous rendons à la gare routière voire où en sont les préparatifs. On nous annonce un départ proche alors on va récupérer les sacs. Bokassa attend avec nous. Après BILMA (située à 45 km de Dirkou), nous espérons traverser le désert du Ténéré, jusqu'à NGUIGMI mais personne ne sait si nous aurons un moyen de transport. Rares sont les gens qui font ce voyage. En principe, tout le monde emprunte les bus par la route goudronnée. Il y a plus de kilomètres mais il y a une route et c'est beaucoup plus rapide. Donc il est possible que, après les trois jours de trajet annoncés pour atteindre BILMA, nous soyons obligés de faire demi-tour en revenant sur nos pas. Nous devrons alors reprendre toute la route inverse (Bilma - Agadez -Tahoua - Niamey, puis Nguigmi ).

A 10 heures 30, départ. Nous sommes entassés à 4 dans la cabine. Au-dessus, sacs et passagers sont entremêlés. Il y a des risques d'attaques par des bandits alors nous roulerons avec une escorte. Environ 5 kilomètres après la sortie de la ville, premier arrêt pour retrouver l'escorte de gendarmerie. A 14 heures 30, seconde halte de 1 heures 30 dans un campement. Il fait trop chaud pour continuer. Nous prenons le thé dans une hutte nomade. A 16 heures, c'est reparti. Les paysages sont changeants. Parfois le sable et parfois des rochers qui donnent un aspect lunaire. A 22 heures 30, nouvel arrêt pour manger. Notre ravitaillement pour ces 3 jours se limite à des boîtes de sardines, du pain, des biscuits et du miel. A minuit dix, on reprend la piste. Maintenant, c'est le sable qui domine. Plus la moindre trace de végétation. Tout est plat à perte de vue. Il fait chaud, la nuit est très longue, sans dormir.

Jeudi 24 juin 1999     Route AGADEZ - DIRKOU

Au lever du soleil, les dunes de sable apparaissent. Peu après, arrêt mécanique. On en profite pour grignoter quelques biscuits. Balade sur les dunes. Nous voici en plein désert, c'est impressionnant. Tiens, un camion à disparu, celui qui transportait l'escorte. Nous voici seuls avec l'autre camion ! A 9 heures 45, on repart. Mais pas pour bien longtemps.

A 10 heures 30, il fait trop chaud, la mécanique souffre. Le sable est tout blanc, les dunes sont loin à l'horizon. Tout le monde se met à l'abri sous les camions. A 16 heures 30, on reprend la piste, lentement. A 19 heures, le soleil se couche, arrêt pour la prière et le repas. Pour changer, sardines, miel, biscuits. L'air est plus frais, on respire mieux, on est bien, allongés sur le sable. A 20 heures 30, ça repart. Et à 1 heures, halte au puit "Achegour", point d'eau en plein désert.

Vendredi 25 juin 1999     Route  DIRKOU - NGUIGMI

On nous prête un tapis sur lequel on peut s'allonger. Mais près du point d'eau, on se fait dévorer par les moustiques. A 4 heures 30, réveil, on repart. Bientôt, le jour se lève et le soleil chauffe de nouveau. On longe des dunes de sable puis tout redevient plat. Pas la moindre touffe d'herbe. Bon sang, qu'il fait chaud. Dans la cabine, avec en plus la chaleur du moteur, c'est une vraie fournaise. A 12 heures 30, des arbres apparaissent sur un fond montagneux. Nous sommes à DIRKOU. Nous sommes immédiatement parqués à la gendarmerie. Aussitôt, le chef s'occupe de nous, il nous offre de quoi manger et boire (un liquide rouge qui est parait-il du citron!). On a de la chance, tout les autres passagers attendent en plein soleil. Le flic est bien gentil mais il se demande ce qu'on fait au milieu de tout ça. Il nous pose plein de questions et pense que nous sommes des espions ! Les blancs sont déjà peu nombreux à passer ici, et encore moins à voyager dans ces conditions. Il trouve ça bizarre. Puis un mécanicien nous emmène chez lui car ici, pas d'hôtel. Le village n'est pas bien grand, c'est un oasis. On se lave avec une bassine d'eau pas très propre. Le sable est mélangé à l'eau. Nous ne nous sentons pas à l'aise. Personne ne parle bien français. Ils nous accueillent pour avoir de l'argent et ça se voit.

Personne ne sait si un camion va bientôt passer pour nous conduire à NGUIGMI. Nous n'avons d'ailleurs pas encore vu de voiture ou alors ce sont de vieilles carcasses. Nous n'avons en tout cas pas l'intention de nous éterniser ici. Plus tard, le mécanicien arrive, il nous annonce qu'un camion va partir ce soir même pour NGUIGMI. Quelle chance ! mais nous aurions aimé avoir un peu plus de temps pour nous reposer. Nous avons juste le temps de prendre nos sacs, faire le plein d'eau dans les bidons, acheter des sardines, des dates, des gâteaux secs et il nous conduit à la station des camion. Le chef du camion nous annonce encore 3 jours de route. On grimpe sur le toit, parmi les autres passagers et un énorme chargement. A 17 heures 45, nous quittons DIRKOU. D'abord, nous allons à BILMA, distant de 45 kilomètres. A la sortie de la ville, la gendarmerie nous rappelle, puis, au bout d'un long moment, autorise enfin le départ. Les arrêts sont fréquents, soit à cause d'enlisements, soit parce que le moteur chauffe trop. Il faut alors laisser reposer, capot ouvert, face au vent. En plus, le chauffeur n'a pas l'air de connaître la direction à suivre. Il n'y a même plus de piste. Nous voilà mal partis, ça promet ! A 22 heures, on arrive à BILMA. 4 heures 15 pour faire 45 kilomètres !! C'est complètement désert, encore plus petit que DIRKOU. Tout le monde descend. Un passager nous prête une couverture que nous pouvons conserver pendant le voyage. On passe la nuit là, en pleine ville ! Aller, on ouvre une boîte de sardines. Dans la nuit, le vent se lève, balayant le sable. C'est horrible.

Samedi 26 juin 1999     Route BILMA - NGUIGMI   (12 jours - 678 kms)

Balade en ville. Dans la seule boutique de la ville, achat de sardines, dates et biscuits car la route s'annonce plus longue que prévu. Surprise, un blanc apparaît. Il fait partie d'une O.N.G. et est Français. On discute un moment avec lui. Lorsque nous lui montrons le camion, il s'étonne. C'est la première fois qu'il voit un véhicule avec un si gros chargement faire le trajet. En principe, seuls les 4X4 bien équipés peuvent s'aventurer. Il a lui-même fait la route en 4X4 en deux jours et nous assure qu'avec les dunes à franchir, on n'est pas arrivés. Nous voici rassurés ! La bonne nouvelle est qu'un pick-up 4X4 va nous servir de guide et nous accompagner car en effet, notre chauffeur n'est jamais venu ici ! Maintenant, on nous annonce entre 6 et 10 jours de route. Bon, plus moyen de reculer, on se lance, c'est l'heure du départ. A 9 heures 45, nous nous arrêtons non loin de la ville, à l'écart. Nous ne repartirons que ce soir, quand il fera plus fais. En attendant, on s'installe à l'ombre. Des femmes nous ont préparé des pâtes (au sable !). Mais on se régale. Puis repos jusqu'à 14 heures 45. Le camion progresse lentement, les paysages sont chouettes. Du sable, des dunes, des rochers. Tout cela forme un étrange mélange. Ça y est, les dunes se dressent et représentent de grands obstacles à franchir. On les passe au prix de nombreuses manœuvres. Le chauffeur tente même en marche arrière ! A 19 heures, prière et bivouac pour la nuit. Nous voici déjà adoptés, le cuisinier nous apporte le thé, des biscuits et des pâtes. Alors que nous venons de finir le plat, une dame nous apporte une autre grande écuelle de pâtes. Plus faim ! On s'endort sous les étoiles...

Dimanche 27 juin 1999     Route BILMA - NGUIGMI

A 5 heures, départ. Durant six heures, nous franchissons tant bien que mal les dunes. Une crevaison nous bloque un long moment. A 11 heures 30, arrêt repas. Tout le monde s'installe à l'ombre du camion. Encore une fois, on nous prépare du thé, et on nous offre du riz et des pâtes. A 15 heures 30, c'est reparti pour une série de dunes et d'enlisements. Ça n'avance pas, et quelle chaleur. Heureusement que le 4X4 est là pour repérer les endroits les plus praticables. Notre camion transporte un chargement vraiment énorme mais parait tout petit dans ce sable. On progresse lentement, très lentement. A 21 heures, nous arrivons à l'oasis de ZOO BABA. Un peu de verdure. Depuis BILMA, nous nous apercevons que nous n'avons parcouru que 110 kilomètres. Plus que 568 ! On n'est pas arrivés ! Nous n'aurions jamais du regarder la carte. Pour la nuit, chacun se réparti autour du véhicule. Les membres d'équipages sont au petit soins avec nous. Nous leur trouvons des surnoms : il y a le chauffeur qui parle le mieux français, Moussaillon (le plus jeune) qui prépare le thé et se tient au service de tout le monde, Cousteau, le mécanicien qui, avec son chapeau rouge, n'hésite pas à courir au devant avec ses plaques de désensablement sous le bras pour éviter l'enlisement, se démène du mieux qu'il peut et s'occupe à merveille de la mécanique, et Idée Fixe, le cuisinier. Il aide tout le monde quand il le faut et pendant que, durant la pose déjeuner, chacun se trouve une petite place sous le camion, prépare le repas en plein soleil. Ils ont tous bien du mérite et forment une bonne équipe. Ali est le propriétaire du camion. Il veille au bon déroulement de l'expédition. Voilà, les présentations sont faites.

Lundi 28 juin 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Départ à 7 heures 15. La progression est toujours aussi lente et difficiles. Les dunes sont hautes. Enlisements et montées des dunes se succèdent. Le 4X4 doit souvent partir en avant afin de repérer les passages. Nous restons alors immobiles, et sur le toit la chaleur est vraiment pesante. Nous nous protégeons au maximum en nous couvrant. C'est très long. Personne ne dit rien. Et le sable est si blanc... A 13 heures, nous voici allongés sous le camion. Nous apprécions le thé que Moussaillon nous offre. A 15 heures 30, départ. Mais à pied. Nous devons marcher pour alléger le camion. Devant nous, un champ de dunes. Les passages sont délicats. Plus tard, on subi encore une marche forcée au sommet des dunes. Mais c'est chouette. Quelques dunes plus loin, frayeurs. Le camion menace de se renverser dans une descente. Tout le monde remet pied à terre rapidement ! Ouf, il était temps, en dégageant le sable des roues, l'équilibre se rétablit. A 18 heures 30, le soleil se couche. Un enlisement nous vaut un arrêt brutal. A 19 heures, c'est le meilleur moment. Bivouac au milieu des dunes. C'est la pleine lune, le ciel est clair, il fait bon. Détente... Moussaillon nous apporte du thé et du riz. Plus tard, une femme arrive avec une grande bassine de riz. Pas moyen de lui faire comprendre que nous avons déjà mangé. Nous sommes obligés de jeter le contenu dés qu'elle a le dos tourné. Ah ça n'est pas dans le désert que nous mourrons de faim !

Mardi 29 juin 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Ce matin le vent est froid, on est si bien dans les sacs de couchages et il faut déjà se lever. Départ à 6 heures. On ne tarde pas à descendre pour alléger. Après la balade, réparation d'une roue. La chaleur redevient vite atroce. Jusqu'à midi, la progression se poursuit. Puis, sous le camion, repas, thé, sieste. A 16 heures, GO ! D'autres passages difficiles nous attendent.

                   

On franchit les dunes tant bien que mal et sur le toit, les descentes sont parfois impressionnantes. On s'accroche fermement ! Il est maintenant 18 heures et on a encore crevé. Le soleil baisse, le sable est de couleur or, on ne se lasse pas des paysages. C'est extra, si beau. Notre inquiétude au départ s'est rapidement dissipée. Les journées sont rudes mais l'ambiance du groupe est agréable et on apprécie le fait de se trouver si loin de toute civilisation. On a ici une sensation unique de liberté totale et c'est formidable.

Mercredi 30 juin 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Lever à 5 heures. Le vent est froid. Le chauffeur nous apporte du lait. Départ à 6 heures. Au bout de quelques mètres seulement, crevaison. Bon, on s'allonge pour prolonger un peu la nuit. A 8 heures 30, ça repart, mais pas pour bien longtemps. Lors d'un passage étroit, en descente, entre deux dunes, le véhicule se met à pencher dangereusement. Sur le toit, ça fait tout drôle ! Vite, on descend en vitesse. De justesse, l'équilibre est de nouveau rétablit mais il n'en fallait pas beaucoup pour que tout chavire. Le vent est fort et brûlant. Il est 9 heures 45, une fois de plus nous sommes en train d'attendre que le 4X4 parti en repérage revienne. A peine repartis, le camion menace encore de se renverser. On redescend, viiite ! Un peu plus loin, enlisement. Quelle chaleur, on passe tout notre temps a attendre au sommet du camion. On en a marre des dunes ! Vers midi, le paysage est plus plat. Ça roule mieux. A 14 heures, repas. Devant nous, de nouvelles dunes. Nous repartons à 15 heures 30. Quelques enlisements mais on avance. Le terrain est ondulé, ça monte, ça descend... A 19 heures, halte pour la nuit. On a au-dessus de nous un superbe ciel étoilé.

Jeudi 1er juillet 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Nous partons vers 5 heures 30. Il ne fait pas chaud. On roule bien jusqu'à 6 heures 20, puis crevaison. Les réparations jusqu'à 8 heures 30. Par la suite, quelques arrêts sont nécessaires pour faire refroidir le moteur. Dans ces moments, il fait très chaud, pas un souffle d'air. A midi, halte pour le repas.

Ce matin, nous n'avons pas mal avancé. Le sable est clair, le soleil éblouissant, on voit à peine le relief. Au menu, pâtes au sables et thé. On reprend les dunes à 15 heures 45. Ça roule bien, le sol est de plus en plus plat mais il faut régulièrement s'arrêter pour laisser le moteur refroidir. A 18 heures 45, enlisement et crevaison. Du coup, nous passons la nuit ici. Quel beau ciel étoilé. Pour changer, on mange du riz au sable.

Vendredi 2 juillet 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Départ à 5 heures 30. On roule sans problème. Ah si, un ensablement. Mais depuis le départ, nous n'avons jamais roulé autant sans s‘arrêter. Un record ! Une grande montagne apparaît au loin. A 10 heures, nous faisons halte à l'oasis d'AGADEM. L'endroit est habité par des nomades qui profitent du point d'eau. Pas d'ombre, on doit encore s'installer sous le camion. Autour de nous, chameaux et ânes se baladent tranquillement. Nous sommes à mi-parcours de NGUIGMI. Le chef du camion, Ali, achète un chameau. Le pauvre ne tarde pas à être découpé en morceaux sur place. Il sera bientôt dans nos assiettes. Pendant que certains préparent la cuisine, Moussaillon me verse de l'eau sur la tête et je me fais un shampoing. Bien sur, tout le monde rigole ! Il est bientôt 15heures, chacun s'affaire toujours à la préparation du chameau. Il faut le manger tant qu'il est frais. Toute cette petite agitation donne un air de fête autour du camion. Un peu avant 17 heures, on peut enfin se régaler de morceaux de viandes bien tendres. On ne repart qu'à 18 heures. A 19 heures, comme toujours, tout le monde descend pour la prière sauf nous qui restons bien sagement sur le toit. Finalement, nous passons la nuit ici. "Le camion est un petit peu en panne", annonce le chauffeur. Sur ce, Cousteau, notre super mécanicien se met au travail. Au menu, pâtes au chameau et sable, suivi d'un thé. La nuit est douce, plus chaude que les précédentes.

Samedi 3 juillet 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Lever à 4 heures, pour démarrer à 5 heures. Nous traversons des zones recouvertes d'arbustes, puis c'est de nouveau le sable. Ça n'avance pas trop mal. Mais à 7 heures 30, crevaison. Bon, on en a pour un moment. Nous en profitons pour équiper Froggy (notre grenouille verte avec pattes jaunes) qui veut se dégourdir les jambes aussi. La voilà elle aussi parée de son turban bleu touareg. Deux chameaux passent, guidés par un touareg. Ainsi, ils vont à BILMA. On ne repart qu'à 10 heures 30. Mais 15 minutes plus tard, autre crevaison ! A 11 heures 30, nous reprenons la piste maintenant balisée. Nous avons fait le plus difficile. Puis on roule de nouveau jusqu'à 14 heures 15, avec cependant quelques haltes pour le moteur. Il fait si chaud et durant les longs moments d'attente, on ne peut que souffrir en silence. C'est maintenant la pose repas à l'ombre du camion. Ce serait bien si on avait un tout petit peu d'air. Nos visas sont aujourd'hui périmés. En principe, nous devrions être sortis du pays. Nous voici en situation irrégulière ! Idée Fixe, le cuisinier nous apporte encore des pâtes au chameau, puis on boit le délicieux thé préparé par Moussaillon. Nous sommes près du puit Koussa Arma. A 17 heures 30, au moment de partir, enlisement. A 18 heures nous commençons à rouler et une demi-heure plus tard nous sommes déjà arrêtés pour le refroidissement du moteur. Bon, "aya, aya, aya...." (aller, aller, on y va) Ça repart doucement... A 19 heures, ne pas oublier la prière, c'est sacré. Puis nous roulons de nouveau jusqu'à 21 heures 30, après avoir passé le point d'eau Bélabirim. Enfin, nous nous installons pour la nuit. La journée fut chaude et longue. Le temps de manger du riz, et nous nous couchons à minuit 30.

Dimanche 4 juillet 1999     Route BILMA - NGUIGMI

Lever à 5 heures, départ à 5 heures 30 après avoir rapidement avalé du thé et du lait. Il fait frai, on avance bien. A présent, le sol est jonché de touffes d'herbe. On croise des troupeaux de chameaux, ici la vie est plus présente. Des antilopes gambadent. A 7 heures 15, crevaison. Il y avait longtemps ! A 8 heures 45, tout est réparé. Mais peu après, une dune fait obstacle. On la monte difficilement. A 10 heures 45, on re-crève deux roues. Donc installation. Cousteau reprend les réparations. Il semble bien fatigué mais travaille sans relâche. Repas de riz, sans trop de sable. On se régale. Il fait trop chaud, on ne repart qu'à 16 heures 45. NGOURTI, le prochain village n'est qu'à 5 kilomètres. Mais un enlisement nous fait encore perdre beaucoup de temps. A 17 heures 45, on entre dans le village. Le camion s'arrête devant la gendarmerie et chacun s'installe pour la nuit. Puis nous apprenons qu'il est possible de nous procures des bières. En compagnie du chauffeur, nous nous rendons à la buvette. Là, nous discutons avec un militaire qui a beaucoup voyagé en France. Quel plaisir de pouvoir parler de Paris, la ligne C du RER, tout en buvant des bières chaudes. D'autant plus que NGOURTI est vraiment le village perdu dans le désert. Plus tard, quelqu'un nous ramène au camion dans un beau 4X4 moderne, ambulance de la Croix Rouge. Tout le monde dort mais Idée Fixe nous a préparé du riz que nous mangeons avec le chauffeur avant de nous glisser dans les sacs de couchage.

Lundi 5 juillet 1999     Route BILMA - NGUIGMI   (NGOURTI)

Réveil par le soleil dés 6 heures. Déjà, Cousteau répare une roue. Plus tard, l'ambulance passe nous chercher et nous conduit à la buvette voire le Lieutenant avec qui nous avons discuté hier. Puis le chauffeur nous ramène au camion. Celui-ci s'apprête à aller au marché du village débarquer des marchandises. On en profite pour visiter les petits commerçants et acheter des dates et du pain. Le conducteur de l'ambulance nous emmène ensuite rencontrer le Chef de Poste Administratif qui dirige tout le secteur. Le fait que deux blancs soient dans le secteur n'est pas passé inaperçu. Il nous offre le thé, de la viande de mouton et une bière chaude. Ensuite, visite du centre de santé. Mieux vaut ne pas être malades ! Seuls quelques vaccins sont conservés dans une glacière. La jolie ambulance climatisée fournie par la Croix Rouge grasse aux dons ne sert qu'à promener le conducteur (et nous) à travers le village. De retour au camion, nous apprenons que nous sommes contraints de passer une nuit de plus ici. En effet, les gendarmes veulent vérifier tout le chargement et ne donnent pas l'autorisation pour repartir. Ils restent un moment à discuter avec nous et sont impressionnés par le tracé sur la carte routière qui indique le trajet que nous avons parcouru depuis la France. Nous nous installons à l'ombre, en patientant. Nous commençons à être fatigués. Ces moments d'attente qui n'en finissent pas deviennent de plus en plus pénibles. Sur une carte du monde, nous regardons intensément le continent Sud Américain. Nous avons une envie subite et très forte de prendre un avion pour Buenos Aires. L'Afrique nous a usés. A 18 heures, nous partons faire une balade au sommet d'une haute dune. On domine tout le village. Les autres passagers n'ont pas bougé de toute la journée.

Mardi 6 juillet 1999     ROUTE BILMA - NGUIGMI

Lever vers 5 heures 30. Le camion est presque rechargé. A 6 heures 40, départ. Mais à 7 heures 30, crevaison. On ne reprend la piste qu'une heure plus tard. Près d'un campement touareg, un passager descend avec tout son barda. A 11 heures 30, arrêt repas et repos jusqu'à 16 heures 10.

Puis ça roule bien, pas une crevaison. Vers 19 heures, le vent se lève, devient de plus en plus fort et le ciel noircit. Il se met à pleuvoir mais ça ne dure pas. A 20 heures 15, nous bifurquons de la piste pour atterrir dans un minuscule village. Une grande partie des sacs est déchargée. Chacun cherche son balluchon dans le noir, quel bordel ! A 21 heures 45 nous repartons et nous installons pour bivouaquer à l'écart du village. NGUIGMI n'est pas loin, nous y serons demain matin.

Mercredi 7 juillet 1999     NGUIGMI - MAO   (4 jours)

On se lève à 5 heures 30. Lait + thé au petit déjeuner. Tiens, un bébé Scorpion fait bronzette sur notre couverture. A 7 heures, nous reprenons la piste, pour parcourir les derniers kilomètres qui nous séparent de NGUIGMI. A 7 heures 30, nous parvenons sur la rue principale de la ville, goudronnée. Ouf, nous y voilà enfin. Tout le monde est bien fatigué, surtout Cousteau et Idée Fixe qui ont fait preuve d'une efficacité et d'une rigueur impressionnantes. Ainsi s'achève le périple. Chacun se salue et repart de son côté. Dernières salutations à l'équipe et nous devons passer au poste de douane pour les formalités. Espérons que nous n'aurons rien à payer pour le dépassement du visa. Après un délai d'attente assez long devant le poste de douane, un pick-up nous conduit à la police. Là, re-attente sur un banc. Ici, pas d'hôtel. Un pick-up doit partir aujourd'hui même pour le TCHAD. Nous aurions aimé pouvoir nous reposer mais apparemment, ça ne sera pas pour tout de suite. De plus, tout le monde nous dit qu'il vaut mieux profiter de l'occasion, plutôt que de rester bloqué ici plusieurs jours. Nous passons tout de même à l'Association Française des Volontaires du Progrès. Au cas où le véhicule prévu ne partirait pas, ils acceptent de nous héberger pour la nuit. Puis nous allons nous désaltérer à la buvette militaire. Quel plaisir de déguster une boisson bien fraîche après deux semaines à boire l'eau chaude des bidons.

Plus tard, le pick-up, un Toyota arrive. Nous y déposons nos sacs. Après un repas de riz dans une gargote, nous rejoignons la voiture. En attendant le départ, nous nous asseyons sur le sable en grignotant des dates. On n'a qu'une envie, se laver. Une bonne douche. En principe, nous serons demain à MAO, au TCHAD et nous pourrons enfin nous détendre. Il parait que c'est une grande ville, avec tout ce dont on a besoin. Alors courage. A 15 heures 45, enfin le départ. Chacun se place comme il peut sur un tas de sacs. C'est particulièrement inconfortable. On est entassés, il faut se cramponner pour ne pas tomber et certains sont même assis sur le capot ! Trop chargé, le véhicule s'enlise constamment et connaît des ennuis mécaniques. Bref, on n'est pas arrivés ! A 17 heures 15, le moteur est coupé. Apparemment la panne est conséquente. Un camion passe en sens inverse, notre chauffeur grimpe dans la cabine et nous laisse là, sans dire un mot ! Le voilà repartit à NGUIGMI. Nous nous retrouvons sur la piste, pour combien de temps ????? On en a marre, mais marre... On se console avec quelques cacahuètes. A 19 heures, la nuit tombe et notre chauffeur n'est toujours pas de retour. On récupère nos sacs, on étend une bâche et nous voici installés pour la nuit.

Jeudi 8 juillet 1999     ROUTE NGUIGMI - MAO

Vers 2 heures du matin, nous sommes réveillés par un vent fort et des gouttes de pluie. Au loin, les éclairs. On s'équipe vite de nos k-way et foulards. A 7 heures 45, notre conducteur est de retour. En guise de petit déjeuner, nous mangeons quelques biscuits. L'attente se poursuit, on est énervés, ras-le-bol. Maintenant, notre taxi est démonté entièrement. Plus tard, un véhicule arrive. Découragés, nous insistons pour obtenir le remboursement, nous voulons repartir vers NGUIGMI. Mais bien sur, le patron refuse et nous sommes contraints de patienter. Vers 14 heures, on nous apporte une assiette de riz. Les autres passagers semblent plutôt s'amuser de la situation et rigolent lorsque nous montrons des signes d'impatience. Mais cela fait 15 jours que nous voyageons sans interruption, sans pouvoir se laver et c'est vraiment galère ! Enfin, à 16 heures 45, les bagages sont de nouveau ficelés et nous nous entassons au-dessus. Ca secoue pas mal et notre position n'est vraiment pas stable. On s'accroche comme on peut à des cordes, ça fatigue. A 19 heures, on passe la frontière, en pleine brousse. Le poste se trouve à quelques kilomètres de là, au village de DABOUA. Pour la nuit, nous bivouaquons à 4 kilomètres du village. Le chauffeur nous apporte encore du riz. Nous ne pouvons récupérer nos sacs de couchages ficelés sur le toit alors la nuit est bien froide. On s'allonge à même le sol, nos k-way sur le dos.

Vendredi 9 juillet 1999     ROUTE NGUIGMI - MAO

Lever à 5 heures 30 pour partir à 6 heures. 5 minutes plus tard, nous entrons à DABOUA. Le chef de poste (que nous avions précédemment rencontré à NGUIGMI) nous appose les tampons d'entrée. Encore 230 Km à parcourir avant MAO, ça promet d'être difficile et on est fatigués. A la douane, tous les bagages sont déchargés du véhicule et on attend... A 10 heures 30, on repart. 5 kilomètres plus loin, autre arrêt près d'un puit pour le ravitaillement en eau particulièrement sale. Notre paille filtrante s'avère indispensable. Puis c'est reparti. Les enlisements font que nous n'avançons pas bien vite. A midi, halte pour le repas. Les seuls arbres qui constituent des points d'ombre sont pleins d'épines. Le sol en est jonché, il faut faire le ménage, aï, ça pique ! Non loin de là, un village fantôme, laissé à l'abandon. Bon, au menu, du riz. A 16 heures, on repart. La voiture ne cesse de s'enliser. Puis nous avons un problème d'eau. Personne n'est préparé pour une si longue distance et nous avons tous très soif. En principe, nous aurions du arriver hier à MAO.